La pratique d’une activité physique d’intensité modérée à vigoureuse (comme le vélo) a été associée à une meilleure performance de la mémoire le lendemain.

Des travaux menés chez des personnes âgées de 50 à 83 ans ont montré que la pratique d’une activité physique améliore les performances cognitives. La qualité du sommeil joue également un rôle.

Ce qui est bon pour le cœur est bon pour le cerveau : l’activité physique permet non seulement de garder notre corps en forme et de maintenir notre force physique à mesure que nous vieillissons, mais elle contribue aussi à préserver nos fonctions cognitives. Elle a notamment été associée à une diminution du risque de démence.

Il semblerait par ailleurs que les bienfaits cognitifs de l’exercice ne se font pas uniquement sentir sur le long terme. En effet, l’activité physique semble aussi offrir un coup de pouce à court terme à notre cerveau. Selon notre dernière étude, le gain cognitif qui en résulte pourrait durer jusqu’à 24 heures. Étant donné que certaines capacités cognitives déclinent avec l’âge, toute amélioration est bonne à prendre, dans l’optique de rester actifs et indépendants le plus longtemps possible…

Un « coup de boost » qui dure de quelques minutes à plusieurs heures

Divers travaux de recherche, menés en laboratoire ou en conditions réelles, avaient révélé que les personnes actives physiquement – parce qu’elles s’entraînent régulièrement ou tout simplement parce qu’elles bougent davantage que les autres dans leur vie quotidienne – obtiennent de meilleurs résultats aux tests cognitifs dans les heures qui suivent l’exercice que des individus moins actifs.

Cependant, une question restait posée : combien de temps ces bénéfices cognitifs durent-ils – en particulier chez les personnes âgées, pour qui le maintien des fonctions cognitives est essentiel ?

Pour répondre à cette question, nous avons analysé les performances cognitives de 76 adultes britanniques âgés de 50 à 83 ans.

Chaque participant s’est vu équipé d’un tracker d’activité au poignet pendant huit jours et huit nuits, qu’il a porté en poursuivant ses activités habituelles. Grâce à ces dispositifs, nous avons pu déterminer la durée quotidienne passée en activité ou en étant sédentaire, ainsi que l’intensité de l’activité physique.

Nous avons aussi cherché à explorer le rôle du sommeil dans la performance cognitive. En effet, on sait aujourd’hui que l’activité physique affecte également la qualité du sommeil – notamment le temps passé dans la phase de sommeil profond et réparateur, appelée sommeil à ondes lentes.

Pour cela, nous avons extrait des relevés fournis par les trackers d’activité un certain nombre de données en lien avec la qualité du sommeil, telles que la durée totale du sommeil et le temps passé en phase de sommeil à ondes lentes.

Les participants équipés de trackers ont également passé une série de tests cognitifs quotidiens destinés notamment à évaluer la mémoire épisodique (la capacité à se souvenir d’expériences passées) et la mémoire de travail (la capacité à stocker temporairement des informations dans l’esprit). Le type de tests cognitifs administrés changeait chaque jour, afin de réduire les effets d’apprentissage et d’habituation aux réponses.

En outre, afin de nous assurer que la performance cognitive du lendemain était bien liée aux effets de l’activité physique et du sommeil, nous avons pris en compte diverses caractéristiques démographiques, socio-économiques et liées au mode de vie qui auraient pu fausser les résultats.

Nous avons enfin quotidiennement contrôlé, pour chaque participant, le score cognitif de la veille, afin d’évaluer les améliorations cognitives d’un jour à l’autre.

Une légère amélioration de la mémoire

Nos résultats indiquent que les personnes pratiquant davantage d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse (comme le jogging ou le vélo) obtenaient de meilleurs scores que les autres aux tests de mémoire épisodique et de mémoire de travail effectués le lendemain. Des études antérieures, menées en laboratoire, avaient déjà suggéré que les bienfaits de l’exercice sur la mémoire pouvaient durer quelques heures. Nos propres travaux tendent à laisser penser que cet effet pourrait en réalité être plus long.

Une meilleure qualité de sommeil – en particulier durant la phase de sommeil à ondes lentes – s’est également avérée être associée à une amélioration des scores de mémoire, et ce, indépendamment de l’activité physique.

Nous avons par ailleurs constaté que les personnes plus sédentaires que les autres obtenaient de moins bons scores en mémoire de travail le jour suivant.

Les bénéfices cognitifs à court terme obtenus suite à la pratique d’une activité physique pourraient résulter de l’augmentation du flux sanguin et de la libération de substances chimiques spécifiques par le cerveau qui résultent de l’exercice. On sait que certaines de ces substances contribuent à la fonction cognitive, et qu’en général, leurs effets neurochimiques sont censés durer quelques heures.

D’autres changements induits par l’exercice – dont certains impliqués dans la fonction mnésique – pourraient persister pendant 24 à 48 heures après l’activité physique, ce qui pourrait expliquer les résultats observés dans notre étude.

Il faut souligner que l’amélioration des performances observée est relativement modeste ; aucun des participants à notre étude ne souffrant de troubles cognitifs, la marge d’amélioration de leurs capacités n’était probablement pas très importante. De futures études devront être menées pour évaluer si les personnes atteintes de maladies neurodégénératives – comme la démence par exemple – ont des marges d’améliorations plus importantes.

Nos résultats devront également être confirmés par des travaux menés sur une cohorte de plus grande taille. En attendant, ils suggèrent qu’il est important, à mesure que l’on vieillit, non seulement de rester actif, mais aussi de dormir correctement.

Source : theconversation.com