L’olympisme en conclave. C’est l’un des postes les plus médiatiques et les plus politiques du sport mondial. Pour succéder à Thomas Bach au poste de président du Comité international olympique (CIO), le mouvement olympique, réuni en ce début de semaine en Grèce dans le complexe balnéaire de Costa Navarino, va passer par les urnes, jeudi 20 mars, pour départager sept candidats, qui briguent la présidence.

Les sept candidats au poste du président du CIO (de haut en bas et de gauche à droite) : Sebastian Coe, David Lappartient, Kirsty Coventry, Juan Antonio Samaranch Junior, Johan Eliasch, Morinari Watanabe et le Prince Feisal al-Hussein de Jordanie. (FABRICE COFFRINI / FRANCK FIFE / AFP)

Réunis à huis clos, les membres du CIO vont voter électroniquement par tours successifs, le moins bien classé étant éliminé jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Potentiellement, ce scrutin peut donc se conclure après six tours. En cas d’égalité, un vote supplémentaire est organisé. Et si les finalistes étaient à égalité, Thomas Bach pourrait se mêler au vote pour les départager. L’élu(e) sera nommé pour  huit ans, un mandat renouvelable une fois pour quatre ans supplémentaires(Nouvelle fenêtre). En attendant la fumée blanche, franceinfo: sport vous présente les prétendants.

David Lappartient, l’ambitieux Français

David Lappartient, président du CNOSF avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, le 26 juillet 2024 à Paris. (ANN-DEE LAMOUR / AFP)

A 51 ans, David Lappartient, qui a pris la tête d’un comité olympique français (CNOSF) en pleine crise en juin 2023, est aussi président de l’Union cycliste internationale (UCI) depuis 2017. C’est d’ailleurs à ce titre que le Breton a été élu au CIO en février 2022, juste avant les JO d’hiver de Pékin.

Contrairement à certains de ses rivaux, il n’a jamais été sportif de haut niveau. Au CIO, il préside la commission de l’e-sport, qui a trouvé un accord avec l’Arabie saoudite pour lui confier pendant 12 ans les futurs Jeux olympiques des sports électroniques. S’il n’appartient pas à la puissante commission exécutive, il espère profiter du succès des JO de Paris, sans oublier la campagne victorieuse des Alpes françaises pour les Jeux d’hiver de 2030. Affirmant que l’Afrique « mérite » d’organiser les Jeux, il a attribué, en tant que président de l’UCI, les Mondiaux de cyclisme au Rwanda, qui se tiendront en septembre prochain.

Sebastian Coe, reconnu mais clivant

Le patron de World Athletics, la Fédération internationale d’athlétisme, Sebastian Coe, le 15 juin 2023 lors d’une conférence de presse à Budapest, ville-hôte des prochains Mondiaux d’athlétisme (19-27 août 2023) (ZOLTAN BALOGH / MaxPPP)

Pressenti depuis des années à la tête du CIO, le double champion olympique du 1 500 m, âgé de 68 ans, a pour lui son aura sportive et une exposition médiatique renforcée par la puissance de la presse anglophone. Son long parcours de dirigeant est à la mesure de son ambition : organisateur des JO 2012 de Londres, député conservateur, président du Comité olympique britannique, puis patron de la fédération internationale d’athlétisme.

Sebastian Coe a redressé, depuis 2015, World Athletics, instance plombée par son prédécesseur Lamine Diack, condamné pour son implication dans la dissimulation du dopage russe. Mais il s’est aussi attiré des inimitiés en décidant d’attribuer des primes aux athlètes médaillés d’or des JO de Paris, alors que la plupart des fédérations internationales ne pouvaient pas suivre financièrement. Il a également décider de bannir les athlètes russes depuis le début de la guerre en Ukraine, une position clivante. Autre point de crispation : son âge ne lui permettrait pas, en théorie, de finir son mandat.

Juan Antonio Samaranch Junior, l’héritier

Juan Antonio Samaranch Junior, vice président du CIO, le 24 septembre 2024 à Budapest, Hongrie. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

S’il est un candidat qui n’aura pas besoin de se faire un nom, c’est bien le fils de l’ancien patron emblématique du CIO, Juan Antonio Samaranch, dont le long règne (1980-2001) reste associé à l’explosion des revenus de l’olympisme, mais aussi à une gouvernance controversée.

A 65 ans, l’Espagnol n’a pas de passé d’athlète mais officie pour la deuxième fois en tant que vice-président du CIO (2016-2020 et depuis 2022). Il suit de près les questions marketing : son manifeste en porte la marque, notamment en explorant de nouvelles sources de revenus et en recommandant un réexamen du programme de sponsoring international. Il a noué des liens particuliers avec la Chine en présidant la commission de coordination des JO 2022 de Pékin. Il entendait, en octobre dernier, « réétudier dès que possible la réintégration du Comité olympique russe ». Il plaide a minima pour leur présence à Milan, lors des Jeux d’hiver, sous drapeau neutre.

Kirsty Coventry, seule femme et étoile montante

Kirsty Coventry, alors présidente de la commission des athlètes du CIO, le 9 janvier 2020 à Lausanne. (FABRICE COFFRINI / AFP)

Ancienne nageuse de 41 ans, la Zimbabwéenne Kirsty Coventry est la seule femme candidate. Elle affiche un palmarès olympique impressionnant – sept médailles dont deux en or en cinq éditions-, une expérience gouvernementale (ministre des Sports depuis 2019), ainsi qu’une ascension fulgurante au sein du CIO. Entrée en 2013, elle a présidé la commission des athlètes, siège depuis 2018 à la commission exécutive et dirige la commission de coordination des JO 2032 de Brisbane.

L’ancienne étudiante à l’université américaine d’Auburn veut « un projet collaboratif », et sa candidature se place dans une autre dimension : « Pour l’Afrique, cela ouvrirait de nombreuses opportunités pour d’autres fonctions dirigeantes et ce serait une façon de dire que l’Afrique est prête », glisse-t-elle. Si elle était élue, elle deviendrait la première femme à occuper ce poste, et la première personne venue du continent africain.

Feisal al-Hussein, le prince jordanien

Le Jordanien Feisal al-Hussein, président de la commission des athlètes du CIO, le 30 janvier 2025 à Lausanne. (FABRICE COFFRINI / AFP)

Frère du roi Abdallah II de Jordanie, Feisal al-Hussein préside le Comité olympique jordanien depuis 2003 et est membre du CIO depuis 2010. Sportif amateur, qui a pratiqué de la lutte mais a aussi été copilote au rallye de Jordanie, il est le fils du roi Hussein, décédé en 1999 après 46 ans de règne. Depuis 2017, cet ancien militaire de 61 ans s’occupe de la prévention du harcèlement et des abus dans le sport – dont il est le seul à proposer un plan d’action détaillé -, ainsi que d’égalité de genre et d’inclusivité. Il insiste également sur la « paix » au service du sport.

Au sujet des sportifs russes bannis, il « aimerait qu’ils reviennent, mais la Charte olympique est ce qui nous gouverne tous au sein du mouvement olympique » et c’est pour l’avoir violée qu’ils ont été sanctionnés, rappelle-t-il. En cas de victoire, il deviendrait le premier président du CIO issu d’un pays non occidental.

Johan Eliasch, l’entrepreneur

Johan Eliasch, président de la Fédération internationale de ski, arrive à la 144e session du CIO, en Grèce, le 18 mars 2025. (FABRICE COFFRINI / AFP)

Président de la Fédération internationale de ski (FIS) depuis 2021, le Britannico-suédois de 62 ans dirige depuis 1995 l’équipementier sportif Head, et estime que « le CIO doit être géré comme une entreprise », en adaptant son modèle à une « économie de l’attention férocement concurrentielle ». Petit-fils d’un magnat de l’immobilier suédois, l’ancien patron du Comité paralympique britannique de 2003 à 2012, qui vit principalement au Royaume-Uni, est arrivé au CIO en juillet 2024.

Engagé au sein du parti conservateur britannique sur les questions environnementales (il avait notamment travaillé auprès du Premier ministre Gordon Brown sur les sujets de déforestation et de l’énergie durable), il a néanmoins été critiqué pour son action au sein de la FIS. La Coupe du monde de ski alpin traverse en effet l’Atlantique deux fois par saison pour les étapes américaines.

Morinari Watanabe, le candidat radical

Morinari Watanabe, président de la fédération internationale de gymnastique, le 25 septembre 2024 à Tokyo (Japon). (HIROTO SEKIGUCHI / AFP)

Président de la Fédération internationale de gymnastique depuis 2017, le Japonais de 65 ans se distingue doublement de ses rivaux : il a de loin le programme le plus concis et le plus radical, proposant l’organisation simultanée des JO d’été dans cinq villes sur chaque continent, avec une diffusion continue en streaming 24 heures sur 24. L’avantage, selon lui, serait d’offrir de meilleures conditions aux athlètes en répartissant les lieux de compétition en fonction des conditions climatiques locales. 

Pour le Japonais, l’organisation des Jeux est devenue « étouffante » et inaccessible pour de nombreux pays, ce qui déconnecte de l’événement une partie de son public. S’il était élu, il deviendrait le premier président du CIO venu du continent asiatique.

Source : www.francetvinfo.fr