Dans la chaleur de Melbourne en 1956, Alain Mimoun est devenu une légende du sport français en remportant le marathon devant Emil Zatopek.
Il y a des sportifs qui resteront à jamais dans le cœur et la mémoire des Français. Alain Mimoun fait sans aucun doute partie de ceux-là. Une légende au grand cœur qui a fait rêver plus d’un gamin. Car, avec quatre médailles olympiques dont une en or sur le marathon des JO de Melbourne en 1956, Mimoun restera pour l’éternité au Panthéon des plus grands athlètes de notre histoire.
L’histoire d’Alain Mimoun avec les Jeux commence en 1948 à Londres. Un an après son titre de champion de France (en 1947), le Français parvient à décrocher une première médaille d’argent sur le 10 000 mètres. Et puis, rebelote, quatre plus tard. Mimoun décroche deux autres médailles d’argent lors des Jeux d’Helsinki en 1952 sur un 5000 mètres baptisé depuis le « 5000 du siècle » et sur 10 000 mètres. Ainsi, à la fin des années 50, le nom de Mimoun se fait connaître aux quatre coins de la France. Il était devenu le symbole du petit français fonceur et courageux qui ne lâche jamais rien.
Melbourne, Jeux Olympiques, 1er décembre 1956
Il y a vingt-huit ans Boughera el-Ouafi s’est imposé à Amsterdam et cinquante-six que Michel Théato l’a emporté à Paris. Est-ce suffisant en ce 1er décembre 1956 pour espérer, à Melbourne, une troisième victoire tricolore dans le marathon olympique ? Un homme, en tout cas, n’en doute pas : Alain Mimoun, qui a déjà gagné trois médailles d’argent aux Jeux de Londres et d’Helsinki sur 5 000 m et 10 000 m.
À 35 ans, on le croit trop vieux pour réaliser son rêve : remporter une médaille d’or. Son corps, ses muscles crient grâce et aspirent au repos. Pourtant Mimoun fonce tête baissée vers son destin sans avoir fait le moindre essai sur 42,195 km. La veille de l’épreuve, un télégramme lui a annoncé la naissance d’une fille nommée Olympe. Un signe pour le caporal-chef Mimoun qui a failli perdre une jambe sur les hauteurs du monte Cassino, en Italie, en 1944.
La température est caniculaire, la course s’annonce terrible. Contrôlant ses adversaires, Mimoun le novice ne laisse partir personne, même pas John Kelley qui mène l’épreuve au vingtième kilomètre en 1h 8’ 3’’. Mais l’Américain, un peu présomptueux, ne peut tenir la cadence et Alain Mimoun se retrouve seul en tête un peu avant la mi-course. La cadence et les sensations sont bonnes et, comme le parcours consiste en un aller-retour, le Français trouve même la force de faire, histoire de les impressionner, un petit signe amical aux adversaires qu’il croise. Tout se passe bien jusqu’au 32e kilomètre où soudain la foulée devient moins aérienne, plus saccadée. C’est comme si Mimoun poussait un mur invisible.
La bouche sèche, la respiration haletante, la tête douloureuse le Français lutte de tout son courage. Il s’insulte même, pense à sa femme et à sa fille, et petit à petit l’aisance revient. Alain repart de plus belle. Sans faiblir, il entre dans le stade olympique, provoquant une véritable explosion des 120 000 spectateurs qui se mettent à hurler. Un dernier tour express, il coupe enfin le fil. Mimoun est champion olympique. Il réalise son rêve.
Alain Lunzenfichter
rédacteur en chef adjoint du journal L’Équipe Source: Commemorations Collection 2006
Source : francearchives.gouv.fr