Peu d’études ont été menées sur le territoire français, mais un observatoire récemment mis en place à l’échelle d’un département français (IMACS) indique que les sujets ayant présenté un évènement cardiaque lié au sport ont éprouvé dans près d’un tiers des cas des douleurs en amont, qui ne les ont cependant pas amenés à envisager une consultation médicale (laquelle aurait peut-être permis d’éviter ledit évènement cardiaque).
Ces données, convergentes avec d’autres, suggèrent qu’il existe une importante opportunité de prévention de ces évènements cardiaques.
Un dépistage difficile
L’un des problèmes est que l’atteinte coronaire à l’origine des accidents cardiovasculaires induits par l’exercice physique est fréquemment asymptomatique, elle n’est donc pas toujours dépistée.
Par ailleurs, l’entraînement permet de compenser en partie le débit sanguin coronaire en augmentant le diamètre et/ou la densité des artérioles. Il améliore aussi la réactivité vasomotrice (la capacité adaptatrice des vaisseaux à se dilater ou se rétrécir en fonction des besoins myocardiques).
Il est possible que dans certains cas, ces adaptations vasculaires bénéfiques permettent aux sujets pratiquant une activité sportive de gérer la réduction du flux sanguin myocardique induite par la présence des plaques d’athérome. La conséquence est qu’ils éprouvent peu de symptômes en amont de l’accident aigu, malgré l’étendue de leurs lésions coronaires.
Comment évaluer son risque coronaire ?
L’évaluation du risque coronaire se fait grâce à l’échelle SCORE (Systematic Coronary Risk Evaluation), basée sur les recommandations de la société européenne de cardiologie. Il s’agit d’un diagramme qui permet de prédire le risque de survenue d’évènement cardiovasculaire létal à 10 ans, chez des individus présumés sains. Il est adapté à la population européenne, pour la prévention cardiovasculaire en pratique clinique.
Les variables majeures qui entrent en compte dans ce modèle sont le sexe, l’âge, le statut tabagique ou non, la pression artérielle et le cholestérol total. Elles permettent de catégoriser la population en bas risque cardiovasculaire, risque modéré, haut risque et très haut risque cardiovasculaire.
L’épreuve d’effort (électrocardiogramme d’effort) n’est globalement recommandée que chez les sujets symptomatiques, ou ceux présentant certains facteurs de risque cardiovasculaire, notamment une hypertension artérielle, une dyslipidémie (taux élevé de mauvais cholestérol ou LDLc cholestérol, de triglycérides, ou les deux), un diabète, un tabagisme actif ou des antécédents familiaux d’infarctus (autrement dit, si des membres de la famille immédiate, père, mère, frère ou sœur, ont eu un infarctus avant l’âge de 55 ans ou, dans le cas des femmes, avant la ménopause).
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Cet examen consiste à enregistrer l’activité électrique du cœur au cours d’un exercice physique soutenu. Outre la détection des troubles du rythme et l’évaluation de la tension artérielle à l’effort, il permet de détecter les signes électriques d’une ischémie myocardique induite par l’exercice physique (déséquilibre entre l’apport et la demande d’oxygène du tissu cardiaque).
Qui est à risque, et quelles précautions prendre ?
Les personnes présentant les facteurs de risque cardiovasculaire cités précédemment sont plus susceptibles de développer un évènement cardiovasculaire.
L’activité physique est bien entendu très bénéfique pour ces patients, mais ils doivent cependant garder à l’esprit que le risque associé à l’exercice vigoureux est accru, et prendre des précautions en conséquence. La prévention de ces évènements passe donc par un dépistage adapté et individualisé avant la pratique du sport.
Des données épidémiologiques indiquent qu’une surveillance particulière doit être portée aux hommes d’âge moyen pratiquant des sports de loisirs, qui constituent une population particulièrement à risque.
Un examen médical avec réalisation d’un électrocardiogramme pour le dépistage d’éventuelles pathologies cardiaques et d’anomalies est recommandé chez ces derniers, de même que l’évaluation et le dépistage des facteurs de risque cardiovasculaires afin d’identifier les personnes à haut risque d’évènements coronaire qui nécessitent des tests supplémentaires.
Avant 40 ans
Le modèle de prévention cité précédemment n’est pas directement transposable aux individus de moins de 40 ans. Avant 35 ans, les recommandations des sociétés savantes sont en effet contradictoires.
Si certaines préconisent de réaliser d’un électrocardiogramme systématique avant la pratique sportive, d’autres mettent l’accent sur la prévention primaire, autrement dit l’ensemble des mesures visant à empêcher l’apparition de problèmes cardiovasculaires (s’alimenter correctement, ne pas fumer, traiter son hypertension si nécessaire, etc.), qui pourrait jouer un rôle majeur dans la limitation du risque de survenue prématurée d’une maladie coronaire.
Le type de sport, et notamment l’importance de la sollicitation cardiovasculaire qu’il induit, doit également être pris en compte.
Faire du sport, mais pas n’importe comment
La pratique d’une activité physique régulière reste bien évidemment une stratégie particulièrement efficace de prévention des maladies cardiovasculaires, cela ne fait aucun doute. Au global, les personnes actives ont un risque cardiovasculaire moins élevé que les autres.
Cependant, il est important de respecter certaines bonnes pratiques, comme celles proposées par le Club des cardiologues du sport.
La méconnaissance des risques que peut faire courir une pratique sportive mal adaptée se traduire parfois par des comportements préjudiciables, dont les conséquences peuvent être aggravées par l’ignorance des symptômes suspects. S’ils ne sont, fort heureusement, pas toujours fatals, la portée psychologique et sociétale des évènements cardiaques est vive. Mieux vaut donc en limiter le risque de survenue.
Vers la partie #1
Source : theconversation.com