Si notre première rencontre, il y a quelques cent ans, nous avait laissés bons amis, ce retour des Jeux à Paris nous aura transformés en amoureux transis. Dès la cérémonie d’ouverture, alors que la pluie mouillait les objectifs des caméras, ce sont bien des larmes d’émotion que les spectateurs chanceux des bords de Seine et les millions de téléspectateurs auront versé. Dans ce moment de pure poésie, la France était déjà séduite, touchée au cœur. Puis ce furent 17 jours merveilleux d’amour fou, de manifestations de joie, ponctuées de demandes en mariage en direct. Subjugués par la foule, emportés par leur fougue, nos athlètes se surpassèrent. Comment ne pas fondre ou sauter de joie à la victoire d’un Teddy Rinner, combattant au grand cœur ! Comment ne pas plonger dans le grand bain avec Léon Marchand ? Comment ne pas s’extasier devant les performances des volleyeurs ? Comment ne pas se pâmer devant l’exploit d’une Pauline Ferrand-Prévôt, tout en ténacité et grâce mêlées ?
Notre déception fut immense lorsque nos basketteuses, nos petites protégées, grandes par la taille et énormes dans leur combat, succombèrent aux assauts des Américaines, perdant d’un rien leur finale. Cela nous fendit le cœur, d’autant qu’elles fermaient le bal de nos retrouvailles. Les Jeux allaient-ils s’éteindre d’un jour à l’autre, comme une idylle de jeunesse ? Non, la flamme était là. Elle brûlait toujours en nous et, tout en douceur, les Paras la ravivèrent. Plus romantique, plus touchante encore, la démonstration de notre passion fut sincère et grandiose à la fois.
La France découvrait les paralympiques et elle allait en devenir éprise, éperdument. Chacun prenait la mesure de la volonté, de l’abnégation, du dépassement de soi que nos athlètes montraient. Chaque épreuve prenait alors double-sens car chaque victoire était d’abord une victoire sur soi-même quand la défaite n’en était jamais une. Là encore, comment ne pas fondre devant le sourire d’une Aurélie Aubert, médaillée d’or en boccia ? Comment ne pas accompagner de son souffle un Alexis Hanquinquant, magnifique vainqueur en paratriathlon ? Comment ne pas retenir ses cris pour mieux encourager l’équipe de France de cécifoot dans une finale étouffante ? Ces Jeux de Paris auront définitivement lancé un pont entre les paras et les olympiques avant, peut-être, de réunir tout le monde sur la même rive.
Manon Apithy-Brunet remporte l’or (sabre) – crédits photos CNOSF /KMSP
Rémy Boullé remporte le bronze (KL1 200m) – crédits photos CPSF
Nos représentants loirétains, dont nous étions évidemment les plus fervents supporters, portèrent bien haut nos couleurs et leurs exploits s’inscriront longtemps dans nos cœurs. Rémy Boullé, médaillé de bronze en paracanoë, fut fidèle au rendez-vous, comme promis. Manon Apithy-Brunet, médaillée d’or en escrime, nous emporta longtemps dans le tourbillon de sa célébration. Lucas Mazur, médaillé d’or et d’argent en parabadminton, fut un as du volant admirable, plein de volonté et de hardiesse.
La clôture de la dizaine paralympique nous laissa un instant pantois avant que la grande parade parisienne ne nous entraîne dans une dernière valse, émouvante et joyeuse à la fois, où l’on aurait tous voulu serrer nos athlètes dans nos bras. On repoussa la séparation au plus loin de la nuit, dans une ambiance de fin de rêve, se demandant, avec un peu de lucidité revenue, quelles suites le sport français allait-il donner à cette si belle histoire.
Sur le plan comptable, bien qu’en amour on ne compte pas, la France aura remporté 75 médailles chez les paralympiques et se sera classée au 5ème rang mondial chez les olympiques. C’est évidemment une très belle réussite mais, les plus beaux bijoux n’étant pas gages d’amour durable, c’est bien la passion qui doit demeurer ancrée en nous. Cette flamme-là ne s’éteindra pas ! Ces Jeux, on les a adorés et on va continuer à les porter dans nos cœurs, fidèlement, continûment, à jamais…
Christophe CHARREIRE
Secrétaire général du CDOS du Loiret
L’équipe féminine de basket remporte l’argent – crédits photos CNOSF /KMSP