Interview : La jeune femme de 22 ans, licenciée à l’USO, a remporté, samedi 24 février, l’Open européen de Pologne, dans sa catégorie des moins de 48 kg. Un résultat encourageant pour qui, comme elle, prétend être sélectionnée aux Jeux de Los Angeles.

Cinq combats, cinq victoires : on pourrait penser que votre journée s’est déroulée comme dans un rêve. Or pas du tout ?

Anaïs Perrot. « J’étais trop mal au premier tour : je n’avais pas de sensations. J’étais comme absente. Je gagne, mais à l’envie. Du coup, je me suis dit : “Oh la, la… Si tu fais le même combat au deuxième tour contre Asia Avanzato, une Italienne assez forte (67e mondiale, quand elle n’est encore que 113e), tu vas perdre…” Alors je me suis remobilisée pour que ça passe, plutôt que ça casse. »

Et vous avez été expéditive…

« Alors que ce combat était censé être le plus difficile de ma journée, il a été le plus rapide : en 20 secondes, j’avais placé une attaque et réussi un étranglement ! Ce combat a été déterminant. »

Vous deviez être en pleine confiance ?

Je me suis dit que j’étais lancée ; que c’était mon jour ; que j’allais gagner. Après trois finales et trois défaites (à l’Open de Sofia, aux championnats de France puis à l’Open de Hongrie), je n’avais pas le choix ! Je me suis conditionnée pour gagner. J’ai bien géré le quart de finale contre une Autrichienne que j’avais aussi affrontée en Hongrie en quart, deux semaines plus tôt ; j’étais contente. Et pareil en demi-finale, contre une Hongroise dont le profil me convient bien. J’y suis allée pour la massacrer. »

Et en finale ?

« Je retrouve une Italienne (Ghiglione, 82e mondiale), qui ne voulait pas tomber. J’attaquais, j’attaquais, j’attaquais, mais elle ne tombait pas ! Elle a d’ailleurs repris le dessus à un moment, mais à 12 secondes de la fin, je mets ippon sur mon spécial. Je l’ai sorti au bon moment. »

Que représente cette victoire pour vous ?

Cette première médaille d’or en Open, c’est bien. Enfin ! On l’avait prévue avec Tony (Rodriguez, l’entraîneur du haut niveau à l’USO). Pour l’instant, tout se passe comme prévu. Je suis sur la boîte, je fais tomber, je domine mes combats : c’est bien ! »

On ne vous sent pourtant pas euphorique. On se trompe ?

« Je suis contente, mais pas plus que ça, parce que je veux tellement plus ! Dans deux semaines, je participe d’ailleurs au Grand Prix d’Autriche ; ce sera encore un autre niveau. C’est l’étape suivante. Mais j’irai avec la même mentalité : gagner, faire du judo, être sur le podium. Et après, avec Joseph (Terhec, le +100 kg de l’USO), on enchaînera avec un gros camp d’entraînement à Nymburk, en République Tchèque. »

Votre victoire a-t-elle suscité beaucoup de réactions ?

« Depuis samedi, je ne fais que recevoir des messages ! Ça fait plaisir. Surtout de la part de mes amis qui savent par où je suis passée… Ça a été de longues années de travail, de pleurs, de transpirations, pfff… Ça fait plaisir de récolter un peu de ce qu’on a semé. »

Source : www.larep.fr