Benjamine de la délégation paralympique française, la sprinteuse orléanaise de 15 ans a une grande marge de progression. Au Stade de France, elle est alignée sur 100 et 200 m.

Il y a ceux qui gravissent les échelons lentement, compétition après compétition, avant de connaître l’ivresse des Jeux. Et puis, il y a les autres qui avancent à pas pressés. A seulement 15 ans, Marie N’Goussou-Ngouyi fait partie de la seconde catégorie. En ce début de mois de septembre, pour sa deuxième saison en para-athlétisme, la lycéenne enfile pour la première fois le maillot bleu, directement lors des Jeux paralympiques. Après s’être offert vendredi une 6e place en finale du 100 m (catégorie T47, handicap des membres supérieurs), elle s’est aligné, samedi 7 septembre, sur le demi-tour de piste, et a été sortie en séries.

Tout s’est accéléré depuis un an pour celle qui foule les pistes d’athlétisme depuis sa plus tendre enfance et qui a débuté avec le « baby-athlé ». Après avoir fait ses gammes au sein de son club ECO-CJF, à Orléans, à raison de trois entraînements par semaine, Marie N’Goussou-Ngouyi a rejoint en septembre 2023 le groupe de Christophe Letellier au pôle espoirs d’Orléans. La structure étant partenaire de son lycée, elle bénéficie depuis d’un aménagement horaire pour qu’elle puisse s’entraîner quatre à cinq fois par semaine (dont une fois en club).

Une arrivée récente dans le handisport

« En 2016, je m’occupais d’une athlète de 100 m haies qualifiée pour les JO [Sandra Gomis]. Elle était senior et s’entraînait huit fois par semaine. Marie est cadette, je ne peux pas lui donner les mêmes séances », compare Christophe Letellier, qui doit aussi composer avec le handicap de son athlète. Diminuée dans son bras gauche à la suite d’une naissance difficile où son membre a été violemment tiré, Marie N’Goussou-Ngouyi prend le départ dans les starting-blocks avec l’aide d’une cale et est gênée pour effectuer correctement le geste de balancier des sprinteurs. 

La jeune Tricolore a d’abord uniquement concouru avec les valides. Il y a deux ans, sa coach d’origine lui a soufflé l’idée de s’essayer sur le circuit handisport. Elle évolue désormais sur les deux tableaux : championne régionale cadettes sur le 60 m cet hiver chez les valides, elle a remporté le 100 m des championnats de France d’athlétisme handisport mi-juillet. Les qualités de Marie N’Goussou-Ngouyi ont très vite suscité l’intérêt de Guy Ontanon, manageur de la performance en para-athlétisme depuis août 2022.

« J’ai assisté aux championnats de France en salle 2023 et mon œil a tout de suite été attiré par elle. Je me suis dit ‘là, il y a du potentiel, il faut la regarder’. »

Guy Ontanon, manageur de la performance en para-athlétisme

à franceinfo: sport

« J’ai vu que ça continuait à progresser aux ‘France’ à Saint-Etienne à l’été 2023. On s’est donc rapprochés de son entraîneur. Et j’ai été très heureux de savoir qu’elle intégrait le groupe d’entraînement de Christophe Letellier », retrace l’ancien coach de Christine Arron et Muriel Hurtis.

 

Qualification in extremis

Quand elle arrive au pôle espoirs, Marie N’Goussou-Ngouyi a déjà dans un coin de sa tête les Jeux paralympiques, puisqu’elle a réalisé à Saint-Etienne les minima B de qualification. « Guy Ontanon m’avait dit ‘tu la prépares au mieux et je compte sur elle pour les Jeux' », glisse Christophe Letellier. Mais l’adolescente aura dû patienter de longs mois avant de voir son rêve se concrétiser, la faute à une classification internationale tardive. « Pour qu’elle puisse concourir à l’international, il fallait qu’elle passe devant des médecins étrangers. Ça se fait lors de compétitions internationales », détaille Christophe Letellier. La sienne a eu lieu lors du meeting HOP (Handisport Open Paris), les 13 et 14 juin au stade Charléty.

La fenêtre de tir pour la qualification était alors très réduite, mais Marie N’Goussou-Ngouyi a vite saisi sa chance. Dès le meeting HOP, pour le deuxième 200 m de sa carrière, l’athlète a validé les minima, avant de s’ouvrir les portes du 100 m aux championnats de France handisport un mois plus tard. « Elle a gagné pleinement sa place, avec, je pense, un avenir qui va devenir doré. Elle est en pleine progression », salue Guy Ontanon, qui fait remarquer que l’athlète a fait « des choix de performance » en zappant la cérémonie d’ouverture pour se consacrer à la séance de départs au Stade de France le lendemain matin. 

L’insouciance de ses 15 ans

Son jeune âge pourrait-il être un frein ? « On peut se dire qu’elle est jeune et va découvrir. Mais quand il y a des médailles à aller prendre, il faut les prendre, même quand on a 15 ans, insiste Guy Ontanon. L’insouciance de son âge va lui permettre d’aborder ces Jeux probablement avec moins de pression que les anciens. J’espère qu’elle va surfer sur ce côté. »

Arnaud Assoumani, taulier des Bleus avec ses 38 ans et une sixième participation aux Jeux, ne disait pas autre chose après sa finale à la longueur, mardi : « L’important pour Marie, c’est de se faire plaisir et de profiter de l’ambiance. Elle est au début de sa carrière et je pense qu’elle symbolise la génération de l’après qui, grâce au travail depuis des années de tous les athlètes un peu plus expérimentés, des fédérations et du Comité paralympique français, va être dans de bonnes conditions pour briller et avoir une meilleure considération. » 

Source : www.francetvinfo.fr