Née en 1922 dans le Pas-de-Calais, la Française a brillé sur les terrains d’athlétisme autant que dans les salons du conservatoire. En 1947, alors qu’elle se prépare pour les Jeux de Londres qui se dérouleront un an plus tard, elle fait installer à l’Institut National des Sports un piano dans sa chambre. Pour la jeune femme qui s’apprête à participer au concours international de Genève, impossible de ne pas passer des heures derrière son instrument.

Micheline Ostermeyer avait deux passions : la musique et le sport. Entre elles, elle n’a pas voulu choisir.

 

Trois mois avant les Jeux Olympiques, la pianiste Micheline Ostermeyer obtenait avec mention son diplôme du Conservatoire de musique de Paris. Récompensée du premier prix du Conservatoire de Tunis et de Paris, Micheline Ostermeyer était destinée à devenir une virtuose. Elle évolue au sein d’une famille d’artistes. On l’a dit même arrière petite nièce de Victor Hugo : un détail difficile à vérifier puisqu’elle ne s’en vantera jamais. Avec sa mère, Odette, professeure de piano, Micheline découvre le goût de la musique. Son grand-père, lui-même, fut le fondateur du conservatoire de Vannes. Quant à son amour pour le sport, il lui est transmis par son père, Henri, qui pratique la gymnastique suédoise. Si pour elle, l’athlétisme est avant tout un moyen de se détendre, loin de la pression parfois guindée de la musique classique, Micheline n’en demeure pas moins une exceptionnelle championne

75 cm d’avance

Tout au long de sa préparation aux Jeux Olympiques en 1948, elle continua à s’exercer au piano pendant cinq heures par jour. À Londres, elle utilisa ses mains qui jouaient si délicatement au piano pour lancer à la fois le poids et le disque. Dans sa première épreuve, le disque, elle était en troisième position à un tour de la fin. Mais son dernier lancer de 41,92m lui apporta une victoire avec 75cm d’avance. Quatre jours plus tard, la Française remportait sa deuxième médaille d’or en gagnant le lancer du poids avec une avance de 66 cm. Enfin, elle participa au saut en hauteur et y obtint une médaille de bronze derrière les spécialistes de cette discipline, l’Américaine Alice Coachman et la Britannique Dorothy Tyler.

🎽 Une carrière sportive d’une dizaine d’année

Micheline Ostermeyer, vivant alors à Tunis, qui vient d’obtenir son baccalauréat en juin 1941, dispute les championnats de Tunisie où elle remporte le 60 m, les concours de saut en longueur et saut en hauteur, les lancers du disque et du poids. À son retour de Tunis elle se rend à la Fédération française d’athlétisme où, malgré les sourires devant ses récits de ses performances, notamment de sa pratique combinée du lancer du poids et du saut en longueur, elle obtient la possibilité d’intégrer un groupe d’entraînement au stade des vallées. En 1946, elle dispute les championnats de France à Bordeaux où elle remporte les titres du saut en hauteur et du poids, établissant un record de France dans cette discipline. Elle participe aux championnats d’Europe d’Oslo où les concours du poids et du saut en longueur se déroulent en même temps. Cinquième avec 1,57m du saut en hauteur remporté par sa compatriote Anne-Marie Colchen avec 1,60m, elle remporte la médaille d’argent du poids avec 12,84m, derrière la Soviétique Tatyana Sevryukova.

Elle participe aux Championnats du monde universitaires de 1947 (médaille d’or en saut en hauteur et en lancer du poids) et aux Jeux de Londres en 1948 où elle remporte deux titres olympiques au lancer du poids et au lancer du disque, et une médaille de bronze au saut en hauteur, tout en donnant un concert le soir de sa victoire au lancer du poids. Elle est la première athlète multiple championne olympique, mais a été dépassée par la suite par les quatre titres de Fanny Blankers-Koen.

Au disque, discipline qu’elle découvre seulement trois semaines avant les Jeux, elle progresse d’un mètre à chaque essai, pour terminer avec un lancer à 41,92m pour devancer au dernier essai l’Italienne Edera Cordiale qui menait le concours et la Française Jacqueline Mazéas. Cinq jours plus tard, elle dispute le lancer du poids, discipline où elle détient la deuxième performance mondiale de l’année derrière Tatyana Sevryukova, absente du fait de la non affiliation de son pays au CIO. Dès son premier essai, elle lance le poids à 13,75m. Elle devance l’Italienne Amelia Piccinini qui réalise 13,09m. Malgré plusieurs essais autour de 13,60m, Micheline Ostermeyer ne bat pas sa performance initiale mais remporte son deuxième titre olympique.

🎹 Une victoire célébrée avec Beethoven 🎵🎶

Le soir même, elle se produit en récital impromptu au piano d’œuvres de Beethoven au siège de l’équipe française au Royal Albert Hall de Londres. Son succès en athlétisme fit du tort à sa carrière de concertiste, et pendant les six années suivantes, elle eut peur de jouer Liszt parce qu’il était trop « sportif ». Néanmoins, Micheline Ostermeyer continua à défendre sa « vie divisée ». « Le sport », dit-elle, « m’a appris à me détendre ; le piano m’a donné des biceps forts ainsi que le sens du mouvement et du rythme ».

Le saut en hauteur est la dernière épreuve d’athlétisme des Jeux. En franchissant 1,61m, un nouveau record de France, elle figure parmi les trois dernières concurrentes du concours. Elle échoue à 1,65m et remporte la médaille de bronze, derrière l’Américaine Alice Coachman, championne olympique, et la Britannique Dorothy Tyler, toutes deux franchissant 1,68m.

Athlète complète, elle remporte douze titres de championne de France dans six disciplines différentes, que ce soit dans des courses, lancers ou sauts (60m, 80m, haies, 4×100m, hauteur, poids, disque et pentathlon) et elle bat dix-neuf records de France (un au 80m haies, un en hauteur, dix au poids, quatre au disque et trois au pentathlon). 

Elle remporte deux nouvelles médailles de bronze aux championnats d’Europe de Bruxelles (80 mètres haies et lancer du poids) en 1950, après ses médailles d’argent sur 100m et au poids gagnées en 1946.

Des blessures perturbent sa carrière. D’abord au plateau tibial, blessure occasionnée lors des championnats de France de pentathlon, en juillet 1950, blessure qui l’a conduite à déclarer forfait lors des épreuves du pentathlon et du saut en hauteur des championnats d’Europe de Bruxelles. En mai 1951, elle se fait un claquage à la cuisse gauche dans une compétition à Paris. Elle participe toutefois au concours de poids le mois suivant au Mans. En juillet, lors des championnats de France à Colombes, elle est devancée par Paulette Veste. Elle dispute encore un France-Italie à Gênes. Un médecin découvre une déformation de la colonne vertébrale. Elle doit alors arrêter la compétition sportive. Elle ne compte seulement neuf sélections en équipe de France A de 1946 à 1951 (elle sera également licenciée au Stade français en fin de carrière).

Alors qu’elle vit au Liban où elle s’est mariée à Beyrouth en octobre 1952, elle remporte avec le club de la Société sportive arménienne le titre de championne d’Afrique du Nord et du Liban en basket-ball en 1953. Elle évolue au poste de pivot.

Palmarès

Jeux Olympiques

  • Lancer du poids 🥇 1ère en 1948 à Londre (13.75m)
  • Lancer du disque 🥇 1ère en 1948 à Londre (41,92 m)
  • Saut en hauteur 🥉 3ème en 1948 à Londre (1,61 m)

Championnats d’EUROPE

  • Lancer du Poids 🥈 2ème en 1946 à Oslo (12,84 m) et 🥉 3ème en 1950 à Bruxelles (13,37 m)
  • 80m haies 🥉 3ème en 1950 à Bruxelles (11s 7)

Championnats de France d’athlétisme

  • 60 m : 🥇 1reen 1948
  • 80 m haies : 🥇 1reen 1950
  • Saut en hauteur : 🥇 1reen 1947
  • Lancer du poids : 🥇 1reen 1945, 1946, 1947, 1948, 1950 et 1951
  • Lancer du disque : 🥇 1reen 1950
  • pentathlon : 🥇 1reen 1948 et 1950

Records de France

Athlète complète, elle remporte douze titres de championne de France dans six disciplines différentes, que ce soit dans des courses, lancers ou sauts (60m, 80m, haies, 4×100m, hauteur, poids, disque et pentathlon) et elle bat dix-neuf records de France (un au 80m haies, un en hauteur, dix au poids, quatre au disque et trois au pentathlon).

Record de France du saut en hauteur à 1️⃣ reprise

Record de France du lancer du poids à 🔟reprises

Record de France du lancer du disque à 4️⃣ reprises