Un rapport parlementaire, du 4 juin 2024, met en lumière les écarts de pratique sportive entre homme et femmes. Il préconise notamment de rendre les équipements sportifs plus confortables et de revoir les critères de subvention aux clubs.
« Mitigé », c’est par cette épithète que les députés rapporteurs Véronique Riotton et Stéphane Viry qualifient la pratique sportive des femmes dans leur rapport déposé le 4 juin à l’Assemblée nationale (non encore publié). Leur travail fait apparaître que « dans le sport amateur, à tous les âges de la vie, la pratique sportive des femmes diffère de celle des hommes ». En France, entre cinq et neuf ans, les garçons sont près de 1,5 million à être inscrits dans des activités sportives contre environ 980.000 filles. À l’adolescence, « la pratique sportive des filles décroche et ne rattrape celle des garçons qu’à l’âge de la retraite où le temps libre des femmes augmente ». Et seules 38% des licences délivrées par les clubs le sont à des filles ou des femmes.
« Sous-investissement chronique »
Selon les rapporteurs, les raisons de ces écarts de pratique tiennent en particulier à « une persistance de stéréotypes de genre dévalorisant la pratique féminine » et à « un sous-investissement chronique dans le sport féminin », qu’il s’agisse des infrastructures – l’absence de douches ou sanitaires, par exemple –, des moyens humains ou des activités proposées.
Dès lors, Véronique Riotton et Stéphane Viry estiment qu’il convient de « changer les mentalités » des futures pratiquantes en leur donnant le goût du sport dès le plus jeune âge, d’encourager les sportives à s’approprier l’espace public et sportif, de renforcer la visibilité du sport féminin dans les médias, de consolider la place des femmes dans les instances de gouvernance du sport et de repenser le financement du sport féminin.
Dans le détail, au-delà des traditionnelles campagnes d’information, plusieurs préconisations, parmi quarante-huit, passent par l’école. Le rapport demande ainsi de renforcer la formation des enseignants pour favoriser la pratique du sport féminin à l’école, mais aussi d’« enjoindre les établissements du second degré à réserver le mercredi après-midi pour une pratique sportive ».
Du design actif à l’école et en ville
D’autres mesures visent à inciter à la pratique en club, par exemple en proposant des licences à un euro pour les enfants dans les fédérations comptant moins de 10% de femmes ou d’hommes, ou en conditionnant les subventions publiques au respect de différents indicateurs portant sur la pratique féminine, avec un objectif précis : consacrer 20% du budget de l’Agence nationale du sport au sport féminin d’ici à 2030.
Les collectivités sont visées par plusieurs recommandations. Les rapporteurs demandent à l’Association des maires de France (AMF) de les informer sur le design actif dans les cours d’école afin de le développer. Les collectivités sont également invitées à adopter le design actif dans l’espace public à travers le plan 5.000 équipements. Par ailleurs, il leur est suggéré d’accroître la part des financements accordés au sport féminin au moyen de la budgétisation intégrant l’égalité (BIE).
On notera enfin la volonté de faire réaliser par l’État un état des lieux des infrastructures sportives, en particulier des vestiaires et des sanitaires, avant de mettre en place un « plan Marshall » qui assurerait aux femmes un confort minimal lors de la pratique sportive.
Source : www.banquedesterritoires.fr / assemblee-nationale.fr