Ces œuvres conçues pour les Jeux olympiques et paralympiques, et exposées dans la capitale, ont attiré les foules à guichets fermés. Quid de leur avenir ?
Elle n’a pas pu s’envoler pour le dernier soir des Jeux paralympiques. La célèbre vasque, ce ballon illuminé installé dans le jardin des Tuileries, en plein cœur de Paris, depuis la cérémonie d’ouverture des JO le 26 juillet, s’est assombrie, dimanche 8 septembre au soir, sans avoir pu s’élever dans le ciel en raison des conditions météorologiques. Cette œuvre de Mathieu Lehanneur fait partie de ces objets devenus iconiques au cours de cet été, tout comme les cinq anneaux accrochés sur la tour Eiffel ou le cheval argenté qui a chevauché la Seine. Les Français vont-ils pouvoir continuer à admirer ces vestiges des Jeux olympiques et paralympiques ?
Le sort de la vasque entre les mains de l’Etat
Emblème fédérateur de ces Jeux, cette flamme « 100% électrique » conçue par EDF et dessinée par Mathieu Lehanneur rend hommage au premier vol en ballon à gaz gonflé à l’hydrogène, qui a eu lieu en 1783 dans le jardin des Tuileries. Son succès populaire a été immédiat. Depuis la fin juillet, quelque 270 000 personnes ont réservé un billet gratuit pour admirer de près ce qui restera comme un symbole des Jeux de Paris, sans compter la foule qui s’est pressée chaque soir au-delà des barrières protégeant le ballon illuminé.
Forte de ce succès, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé vouloir conserver ce qu’elle a qualifié d’« objet extraordinaire et magnifique », et avoir écrit en ce sens au président Emmanuel Macron, l’Etat étant propriétaire du jardin des Tuileries. Mais l’idée divise jusqu’à son concepteur. Mathieu Lehanneur avait imaginé une œuvre éphémère, difficile à garder dans le temps. « C’est en train d’être étudié techniquement, a-t-il confié à France Télévisions. Ce qui est sûr, c’est que ça n’a pas été pensé pour ça. La pire des choses serait qu’elle reste et qu’elle ne vive pas dans les bonnes conditions. »
L’ex-Premier ministre Gabriel Attal a estimé que conserver la vasque olympique à Paris serait « une très belle idée », quand Emmanuel Macron a assuré qu’il s’occuperait de son avenir « en temps voulu ». S’il n’est pas possible qu’elle reste aux Tuileries, la présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a de son côté suggéré de la conserver au parc de La Villette, dans le 19e arrondissement de la capitale.
Un tour de France envisagé pour le cheval argenté « Zeus »
L’image de ce cheval et de sa cavalière argentés galopant sur la Seine a été l’un des moments les plus marquants et poétiques de la cérémonie d’ouverture des JO. L’œuvre était « l’incarnation de Sequana, déesse du fleuve et symbole de résistance », avait expliqué le directeur artistique des cérémonies olympiques et paralympiques, Thomas Jolly.
Ce cheval mécanique flottant, baptisé « Zeus », d’une hauteur de 1,80 m au garrot, a été conçu par l’atelier Blam, basé à Nantes, « et sa construction a nécessité un an de travail », avait précisé l’atelier à l’AFP. « Il est doté d’un système de flottaison créé spécifiquement pour les besoins de la cérémonie d’ouverture par des architectes navals de Quiberon (Morbihan). Le mécanisme retranscrit le plus précisément possible les mouvements du galop d’un cheval », avaient-ils rapporté.
Zeus a été exposé et visible gratuitement dans la cour intérieure de l’hôtel de ville de Paris du 29 août au 8 septembre. Son avenir est encore en discussion, notamment avec la firme Sanofi qui a financé sa conception. L’option d’un tour de France est sur la table, selon Pierre Rabadan, chargé des sports et des Jeux à la mairie de Paris, puisque plusieurs villes françaises ont fait la demande pour l’exposer. La tenue de la cavalière sera quant à elle « probablement exposée au musée de la Mode au Palais Galliera », à Paris.
Les anneaux pourraient rester sur la tour Eiffel jusqu’en 2028
Ils ornent le monument emblématique parisien depuis juin. Les anneaux olympiques apposés sur la tour Eiffel devraient y rester jusqu’aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028, et « peut-être » au-delà, a annoncé vendredi Anne Hidalgo. « Je me battrai contre cette idée selon laquelle il faudrait refermer cette parenthèse enchantée pour reprendre le cours de nos vies et nos passions tristes », a-t-elle ajouté.
Mais de nombreuses voix se sont élevées contre ce projet qui viendrait « dénaturer » l’œuvre de Gustave Eiffel, notamment chez les défenseurs du patrimoine et les descendants du célèbre ingénieur. Ces derniers ont proposé dimanche que la mairie puisse les « transmettre symboliquement » à Los Angeles d’ici à la fin 2024.
La principale critique émise est que les anneaux représentant les cinq continents sont une marque commerciale, puisqu’ils appartiennent au Comité international olympique. « C’est avant tout un symbole des Jeux, d’un moment de l’histoire de la ville de Paris, de paix, de fraternité et d’union », a rétorqué Pierre Rabadan. En attendant, les anneaux actuels seront déposés dans le courant du mois de septembre pour être remplacés par de nouveaux, aussi grands mais plus légers, afin de ne pas endommager la structure de la tour.
Quant aux Agitos, ces petits croissants rouge, bleu et vert symbolisant les Jeux paralympiques, accrochés à la façade haute de l’Arc de Triomphe, ils devraient rester sur les Champs-Élysées. Mais pas sur le monument emblématique de la capitale : la mairie de Paris pense plutôt les installer près de la statue du général de Gaulle, vers le bas de la célèbre avenue.
Les statues des héroïnes féminines installées porte de la Chapelle ?
Autre héritage des Jeux, les statues des héroïnes féminines de l’histoire de France, surgies de la Seine lors de la cérémonie d’ouverture, dans le cadre du tableau « Sororité ». Anne Hidalgo souhaite les installer dans le quartier de la porte de la Chapelle, quartier populaire réaménagé pour les Jeux olympiques. Ces statues, parmi lesquelles figurent celles de Simone de Beauvoir, Olympe de Gouges, Simone Veil ou encore Louise Michel, « auraient toute leur place dans Paris, notamment dans le 18e arrondissement », avait expliqué la maire de Paris début août.
Interrogé par l’AFP, le maire socialiste du 18e arrondissement, Eric Lejoindre, a précisé que le projet consistait à installer les statues « de part et d’autre de la rue de la Chapelle », de la porte jusqu’à un grand rond-point transformé en place. « Comme c’est une des principales portes d’entrée dans Paris, l’idée d’être saluée par des femmes qui ont marqué l’histoire de France nous paraît être la bonne », a-t-il souligné.
Toutefois, trois communes de Loire-Atlantique ont déjà levé la main auprès du Comité d’organisation des Jeux (Cojop) pour accueillir les statues. Saint-Nazaire espère notamment obtenir la statue de Simone Veil, au nom du combat des femmes pour disposer librement de leur corps. La Baule et Le Croisic, de leur côté, se disputent une autre figure, celle de la sportive et Nantaise Alice Milliat, qui est aussi l’organisatrice des premiers Jeux mondiaux féminins en 1922. Le Cojop a pour sa part indiqué que des discussions étaient en cours avec la mairie de Paris pour décider de leur destination.
Source : francetvinfo.fr
Une statue de Simone Veil a été dévoilée lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, le 26 juillet 2024. (FRANCE 2)