Avec l’adoption du budget par le Sénat jeudi, le monde sportif est fixé sur les crédits alloués pour 2025. Moins fort qu’escompté, le coup de rabot s’élève à 108 millions d’euros par rapport à 2024, hors Jeux olympiques.
Des mois d’incertitudes et une enveloppe enfin connue. Les sénateurs ont adopté, jeudi 6 février, le budget 2025, au lendemain du rejet de la motion de censure déposée par La France insoumise à l’Assemblée nationale à la suite du recours à l’article 49.3 par le premier ministre François Bayrou. Au total, la « mission sport » du ministère dispose d’un budget de 593 millions d’euros, contre 775 millions en 2024. Il s’agit du plus bas niveau depuis 2021 (432 millions en 2021).
Il faut y ajouter les crédits issus des « taxes affectées », soit près de 240 millions d’euros en 2025, en hausse par rapport à 2024 (+74 millions). En outre, une ligne de 9,2 millions d’euros a été inscrite pour préparer l’organisation des Jeux olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes françaises.
80 millions d’euros de baisse en moins que dans le projet Barnier
Si le ministère des Sports participe, comme les autres, aux économies pour ramener le déficit public français à 5,4% du PIB, les coupes sont moins drastiques qu’un temps envisagé. Alors que dans le projet initial, dessiné par le gouvernement de Michel Barnier, une baisse de 188 millions d’euros était prévue – soit -20% par rapport au budget 2024 (hors lignes dédiées à l’organisation des Jeux olympiques) –, la réduction s’élève finalement à 108 millions d’euros.
La mobilisation de champions tricolores et d’acteurs du monde sportif aura donc en partie payé. À la mi-janvier, le gouvernement avait proposé un amendement visant à retirer 34 millions de plus au budget du ministère des Sports, rejeté par le Sénat. Dans une tribune, 425 sportifs dénonçaient un « désastre annoncé » et en appelaient au président de la République, lequel avait répondu qu’il fallait « tenir nos engagements et mettre les moyens pour nos sportifs et pour que l’héritage des Jeux bénéficie à tous ». Selon les informations de franceinfo, la mobilisation des sportifs aurait d’ailleurs été encouragée par la ministre des Sports elle-même.
Le monde sportif s’est fait entendre
La fronde a été entendue par les députés et sénateurs réunis en commission mixte paritaire (CMP), les 30 et 31 janvier, pour trouver un accord sur le budget 2025 de l’Etat. Les parlementaires sont ainsi tombés d’accord sur le fait de puiser davantage sur les revenus générés par la taxe sur les paris sportifs : 180,4 millions d’euros, contre 100,4 millions initialement prévus (sur un total disponible de 213 millions).
Cette somme est versée à l’Agence nationale du sport, qui mène pour le compte de l’Etat une partie des politiques publiques sportives. Le montant de la taxe affectée dite Buffet, sur les droits de diffusion, reste quant à elle inchangée à 59,6 millions d’euros, également versés à l’ANS.
La ministre des Sports, Marie Barsacq, s’était réjouie, vendredi 31 janvier, du budget proposé par la commission mixte paritaire : « Je crois que c’est une bonne nouvelle. Je pense que les parlementaires ont entendu le message adressé par à la fois les collectivités, le mouvement sportif et les sportifs eux-mêmes, notamment les grands médaillés de Paris 2024. »
La création d’équipements, probable première victime des économies
Dans un rapport de la commission culture, éducation, communication et sport du Sénat, les sénateurs s’étaient émus à l’automne 2024 de l’impact de la baisse du budget dédié au sport sur plusieurs dispositifs phares en cours. En s’appuyant sur la prédiction de 188 millions d’euros d’économies du projet Barnier, les sénateurs pointaient ainsi la coupe franche dans les fonds alloués au plan « Génération 2024 », dédié à la construction de nouveaux équipements sportifs sur le territoire (-100 millions d’euros prévus sur le projet d’origine).
Autres programmes qui pourraient être affectés par les coupes budgétaires : le Pass’sport et les deux heures de sport supplémentaires au collège. Il était prévu que les deux actions fusionnent, permettant une économie de 14 millions d’euros.
À noter que 66 millions d’euros d’économies sont à mettre au crédit de la non-reconduction de mesures spécifiques aux Jeux olympiques de Paris 2024 (primes aux médaillés, animations territoriales des Jeux, billetterie populaire…).
Source : www.francetvinfo.fr