La course à pied fait partie des activités sportives les plus à la mode actuellement. La course commence même parfois avant la compétition en elle-même, certaines épreuves voyant leur jauge d’inscription se remplir en seulement quelques heures. On parle de « course au dossard… ».

Dès lors, alors que la course à pied conserve pour beaucoup l’image d’une activité bonne pour la santé, la simple considération du stress ressenti par certains pour simplement avoir un dossard, ou plus concrètement l’état de fatigue apparent à l’arrivée de courses comme le marathon ou le trail doit amener à nous questionner sur son retentissement sur la santé, dans ses différentes dimensions, que l’on soit coureur assidu ou intermittent. Prêt ? Partez !

L’intensité des entraînements des athlètes professionnels

On pourrait facilement mettre dans deux cases différentes les coureurs à pied professionnels et les amateurs. Et oui, ça s’entraîne un athlète professionnel, durement… jusqu’à trois fois par jours dans certaines phases de préparation ! Une vie d’ascète, manger, courir, dormir, qui laisse peu de place à l’improvisation. En effet, même si les épreuves semblent multiples, aux quatre coins du monde, la concurrence est forte dans un sport aussi universel et il faut mettre son corps à rude épreuve pour le faire progresser jusqu’à sa limite.

Les carrières à haut niveau sont ainsi souvent courtes, cinq ou six années peut-être, et les cas comme celui d’Eliud Kipchoge, premier homme à avoir couru (dans des conditions non homologables) un marathon en moins de deux heures, seize ans après avoir été champion du monde du 5 000 mètres sur piste, restent des exceptions.

La charge mécanique importante inhérente à la pratique affecte les muscles, les tendons, le squelette. Les phases de repos sont parfois courtes et il devient de plus en plus courant de voir, lors des retransmissions télévisées, des athlètes se blesser en pleine compétition, signe d’usure physique et mentale… D’aucuns pourraient considérer ces éléments comme plutôt classiques, après tout, ce sont des sportifs de haut niveau…

Des points communs entre pros et amateurs

Une question toutefois se pose : le champion du monde, le champion du coin et le coureur lambda sont-ils si différents de cela ? La partie émergée de l’iceberg amène à une évidence… il ne court pas à la même vitesse et donc le temps d’effort varie… mais quid de la partie immergée : la phase de préparation d’avant course, l’entraînement… l’investissement et l’abnégation des individus ? Quand on veut battre un record, son record, ne court-on pas à 100 % physiquement et mentalement ?

Considérons les chiffres du marathon de Paris en 2025 : 56 950 inscrits à la course, 55 499 arrivants… Une épreuve de masse… mais un même défi : 42,195 km pour la cinquantaine d’athlètes peut-être considérés comme étant de haut niveau et tous les autres qui doivent composer avec leur activité professionnelle, leur vie de famille, etc.

Ainsi, quel que soit son niveau, sa vitesse de course, il y a de nombreuses ressemblances dans les modalités de préparation d’un marathon, des charges identiques. Illustrations : une préparation type marathon s’étale classiquement sur dix à douze semaines avec des incontournables comme « la sortie longue », un entraînement d’une trentaine de kilomètres recommandé une fois par semaine…

Cette séance particulière, tout le monde y passe ! Et on peut trouver toute une gamme d’ouvrages grand public pour accompagner les pratiquants, qui s’appuient sur les données scientifiques.

Mais avec l’usure potentielle liée à l’entraînement, la lassitude qui va avec, le risque de blessures augmente…

Préparation marathon ou trail : un risque de blessures majoré chez les amateurs

D’ailleurs, c’est le plus souvent au niveau des amateurs que l’on voit profusion de blessures caractéristiques d’une forme d’usure, de sursollicitation de son corps

Un athlète de haut niveau ne consulte pas nécessairement un médecin du sport. Pourquoi cela ? Parce qu’il s’est construit sa carrière au fil des années, il présente des caractéristiques génétiques spécifiques qui lui font bien mieux accepter de fortes charges d’entraînement. Il suit une programmation spécifique incluant mesures diététiques, phase et processus de récupération…

Un sportif professionnel bénéficie d’un bien meilleur suivi général et médical qu’un coureur néophyte ou amateur qui, par défi individuel ou collectif, se lance dans un projet type marathon ou trail. C’est ainsi qu’une coureuse comme Christelle Daunay, après quinze années de pratique et des débuts modestes au niveau national, a su patiemment se construire jusqu’à remporter le championnat d’Europe de marathon en 2014 à Zurich.

 

Partie 2 (à venir)

Benoît Holzerny, coach athlé santé, et Cédric Thomas, entraîneur d’athlète de haut niveau (notamment de Christelle Daunay, championne d’Europe de marathon en 2014), sont coauteurs de cet article.

Source : https://theconversation.com