Chaque 28 juillet, la journée mondiale contre l’hépatite nous invite à lever le voile sur une réalité encore trop silencieuse : des millions de personnes vivent aujourd’hui avec une hépatite virale sans le savoir, parfois depuis des années. En France, comme ailleurs, ce silence prolonge les risques, retarde les soins et isole ceux qui en sont porteurs. L’enjeu de cette journée n’est pas uniquement médical — il est aussi humain, collectif, citoyen.

Parmi les différentes formes d’hépatite, la forme virale chronique B demeure l’une des plus complexes à appréhender. Ce virus, qui s’attaque au foie, peut évoluer discrètement pendant longtemps avant de provoquer des complications graves, comme une cirrhose ou un cancer hépatique. Mais contrairement aux idées reçues, vivre avec une hépatite B n’interdit ni de travailler, ni d’avoir une vie sociale ou familiale, ni même de pratiquer une activité physique. La clé, c’est l’information, le dépistage précoce, le suivi régulier… et la lutte contre les tabous.

L’un des grands défis autour de cette maladie, c’est qu’elle ne « se voit pas ». Il n’y a pas toujours de symptômes. D’où l’importance de normaliser le dépistage, notamment dans les parcours de soins de routine, à l’adolescence, lors d’une grossesse, ou dans certaines populations exposées. Trop souvent, l’infection est découverte tardivement, à l’occasion d’un autre bilan de santé, ou pire, lorsqu’elle a déjà causé des lésions. Pourtant, une simple prise de sang suffit pour savoir, et agir.

Mais cette journée ne se limite pas à l’aspect médical. Elle interroge aussi notre rapport au vivre-ensemble, à la maladie chronique, et à l’acceptation. De nombreuses personnes vivant avec une hépatite B témoignent de leur difficulté à en parler, par peur du jugement ou du rejet. C’est pourquoi les associations comme SOS Hépatites jouent un rôle essentiel : en libérant la parole, en diffusant une information claire et bienveillante, en accompagnant sans culpabiliser.

Autre sujet essentiel souvent mis de côté : l’activité physique. Trop longtemps, on a considéré les maladies hépatiques comme incompatibles avec le sport. Aujourd’hui, les professionnels s’accordent à dire que, bien au contraire, le mouvement est un allié précieux. Avec l’accord du médecin, il est tout à fait possible — et même recommandé — de pratiquer une activité adaptée : marche, natation, vélo doux, yoga… Le sport améliore la condition générale, le moral, et aide à renforcer la confiance en soi. C’est aussi un acte symbolique fort : choisir de bouger, c’est choisir de vivre pleinement, malgré tout.

La journée mondiale contre l’hépatite ne doit pas être un rappel anxiogène, mais un espace d’engagement et d’espoir. Parce qu’aujourd’hui, on sait dépister, on peut prévenir, on peut traiter, et surtout, on peut accompagner. Le silence n’est plus une fatalité. L’action, la parole et l’éducation sont nos meilleurs outils pour construire une société mieux informée, plus inclusive, et résolument tournée vers la santé pour tous.