La Conférence Régionale du Sport Centre-Val de Loire, organe de réflexion et de décision regroupant les services de l’Etat, des collectivités locales et du mouvement sportif, vient de diffuser un diagnostic de la professionnalisation dans le sport. Le secteur s’est beaucoup développé au cours de la dernière décennie, mais des nuages planent sur son avenir.

Entre 2013 et 2022, l’emploi salarié dans le sport a progressé de 38 % en Centre-Val de Loire. En ce qui concerne les éducateurs sportifs, l’augmentation est de 18 % en 5 ans.

Ces chiffres figurent en tête de gondole du diagnostic de la professionnalisation du sport dans notre région, établi par le GIP Alfa (Observatoire Régional de l’Emploi et de la Formation), en collaboration avec l’ensemble des partenaires impliqués dans le secteur sportif. La lecture du diagnostic offre une vision positive de l’économie régionale du sport, mais en y regardant de plus près, la fragilité de l’ensemble est indéniable.

Le monde du sport dépend essentiellement de l’argent public 

En 2022, les activités liées aux sports (gestion d’installations, centres de culture physique, clubs sportifs et établissements d’enseignement du sport) regroupaient 2 290 établissements employeurs en région Centre-Val de Loire. Cependant, sur un total de 10 000 structures liées au sport, le ratio d’employeurs ne représente que 23 % du potentiel et 94 % des employeurs sont de très petites entreprises (TPE) avec moins de 11 salariés.

Très concrètement, le monde du sport est donc essentiellement représenté par des associations loi 1901, parfois disposant d’une vitrine nationale, comme le Sologne Olympique Romorantin en football ou le Rugby Club Orléans.

Si ces deux clubs, grâce à la visibilité de leurs équipes fanion, arrivent à collecter des fonds de partenaires privés, la majorité des associations dépend de l’argent public et surtout des subventions municipales.

Cet assujettissement constitue un danger en période de restriction, comme celle imposée en France depuis quelques mois par l’État, décidé à réduire les déficits publics. La menace n’est pas nouvelle, mais elle oblige déjà des clubs à faire preuve d’attentisme dans les projets de recrutement et de modération dans les rémunérations offertes.

Bac +5 pour 2200 euros net

Pour les éducateurs sportifs, les conséquences sont visibles depuis plusieurs mois. En septembre dernier, Alexane a signé son premier CDI d’éducatrice sportive, dans un club affilié à la Fédération Française de Cyclisme. Cette jeune femme est titulaire d’un master STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives). Un diplôme universitaire Bac + 5 qui pouvait lui laisser espérer un salaire, en début de carrière, dans la moyenne française, soit 2200 euros net. « Les profs nous avaient même parlé de 2500 euros net pour débuter, mais quand la proposition d’emploi est arrivée, c’est le SMIC que j’ai dû accepter. Honnêtement ça me va, car je suis restée dans ma région, dans un club que je connaissais déjà et avec un travail valorisant, mais toutes ces années d’étude pour le SMIC…« .

Le président de son club avoue qu’il aimerait donner plus et qu’il ne le peut pas « sous peine de mettre les finances de l’association en danger et de fragiliser toute la structure« .

Alexane se satisfait d’autant plus de son sort que plusieurs diplômés de sa promotion n’ont toujours pas trouvé d’emploi pérenne ; les autres ayant dû quitter la région ou se tourner vers les métiers de l’évènementiel pour vivre.

Aurélien a plus de 10 années d’expérience en tant qu’éducateur sportif. Aujourd’hui son salaire est de 1600 euros net par mois et il a décidé de devenir autoentrepreneur, pendant ses jours de repos, pour améliorer son niveau de vie.

Il dit n’avoir aucune idée du nombre d’heures travaillées par semaine et pointe la nécessité de très grande polyvalence de son métier :

On fait à peu près tout, du sportif, de l’administratif, de la logistique et du tutorat aussi car les clubs recrutent régulièrement des stagiaires, pour éviter de créer un nouveau poste d’éducateur.

Aurélien, éducateur sportif, 10 ans d’expérience, salaire 1600 euros net/mois

Ces deux éducateurs sportifs sont d’ailleurs plutôt pessimistes pour l’économie du sport. Dans leurs clubs et auprès de leurs collègues, les projections budgétaires sont moroses : « ça va être compliqué, partout on entend parler de baisses de subventions ».

Source : Alain Heudes  – France3 Région Centre Val de Loire