André Tuisat, licencié depuis 1972 au club de Gien, médaille d’or de la Fédération française de rugby. Il a reçu, le 29 novembre dernier, le Coq d’or de la Fédération, qui récompense plus de 50 ans d’investissement dans le rugby.  L’ancien joueur, éducateur, secrétaire et président, pendant vingt ans, du club, a reçu cette distinction rare. André TUISAT a été également membre élu du CDOS du Loiret de 1993 à 2017.

Retrouvez ci-dessous son portrait fait par la Rep’  :

La remise des récompenses de fédérations à leurs serviteurs les plus dévoués est de ces circonstances propices à l’évocation de souvenirs salés et croustillants… si tant est qu’ils puissent se partager en public. Ainsi, samedi 29 novembre, à l’ancien président du comité régional de rugby, Patrice Doctrinal, qui certifiait qu’ »il était préférable de l’avoir dans son équipe dirigeante, pour travailler, que contre soi, sur le terrain, à jouer », André Tuisat lui a aussi sec retourné, la mine goguenarde et la formule choc : « J’ai toujours dit qu’il valait mieux donner que recevoir ! »

Président de club de Gien-Briare de 1993 à 2013

Dédé, 78 ans, dont plus de 50 à chérir ce foutu ballon ovale, a beaucoup donné : des caramels et peut-être même quelques pralines, entre deux mêlées ; et des kilos de temps, si le bénévolat s’évaluait au poids.

Joueur, donc (« j’ai occupé tous les postes devant, de 1 à 8 ; après, je ne sais même pas que ça existe ! »), puis éducateur, secrétaire (pendant dix ans) et président, « de 1993 à 2013 ». « Hormis une saison au FC Sochaux Montbéliard (qui avait une section rugby), je n’ai été licencié qu’à un club. » Celui de Gien, devenu Gien-Briare.

Quoiqu’elle à remonte à loin, à 1972, l’image reste nette. Précise.

« Je suis arrivé le 9 janvier 1972 à Gien, et le 10, j’étais sur le terrain ! »

Dédé Tuisat (Joueur d’abord, puis éducateur et dirigeant du club)

Embauché par Otis, le fabricant d’ascenseurs (« j’y ai fait à peu près tout, du bureau d’études, de la maîtrise en atelier avant de terminer responsable du magasin de pièces détachées, au service maintenance »), André Tuisat a les mots comme les rides : creusés d’anecdotes, sillonnés de visages. Du premier croisé, notamment, ce fameux 9 janvier : « En arrivant, j’étais tombé sur un mec, dans le garage. Il sortait avec une paire de chaussures de rugby à la main. « Oh ! », j’ai dit. Il m’a alors appris que le lendemain, un dimanche, il jouait à Briare. “Tu viens, tu rentres.” Et voilà, c’était reparti ! »

André Tuisat (à droite) avec des jeunes du club, en 2012.

Plus encore que sa fidélité (« j’ai dû prendre cette saison ma 55e licence »), c’est l’engagement d’André Tuisat que la Fédération française a récompensé de sa médaille d’or. « Mais quand on reçoit une telle récompense, ça sent plus le sapin qu’autre chose », rigole-t-il, tous les sens à l’affût ; celui de la formule, plus encore que l’odorat. Car longtemps, l’ancien entraîneur de la délégation départementale (« la DD du Loiret ! ») a cru détenir l’élixir de jouvence : « Je m’occupais de la sélection U16 départementale. Tous les ans, ils avaient 16 ans : ils ne vieillissaient pas, et moi non plus ! »

Mais être invité à dégager dans son amoncellement de souvenirs les plus marquants, ou les personnes côtoyées qui ont ensoleillé son parcours, lui faisait aussi sec venir la larme à l’arme et des trémolos dans la voix. « Il y a énormément de choses. Beaucoup d’amitiés. Mais il y a aussi beaucoup de copains, au club, qui sont partis… »

Bénévole un jour, bénévole toujours

Le RC Gien-Briare, c’est comme une seconde peau, encore, pour Dédé Tuisat. « Je suis toujours dirigeant. Je m’occupe de ce que je peux, derrière mon ordinateur : commander les cars, les minibus, des choses comme ça… » Autant de passion n’empêche pas le constat critique : quand on lui demande ce qui a le plus changé, au fil de toutes ces décennies, la réponse fuse presque aussi vite que Louis Bielle-Barrey :

« L’argent, pointe André Tuisat. Maintenant en Régionale 3, des mecs te demandent combien on est prêt à leur donner pour qu’ils viennent jouer. »

Des comportements qui l’affligent, comme le peu de goût pour la compétition : « Sinon pour le rugby à toucher, et encore : si c’est pour jouer à la maison… » L’époque est à la pratique loisir, et à la consommation, plus qu’à l’investissement. C’est ainsi. Et c’est pourquoi il faut remercier de leur implication désintéressée tous les Dédé Tuisat du monde.