Le changement climatique bouleverse peu à peu tous les secteurs de la société. Le monde du sport, souvent perçu comme éloigné des enjeux environnementaux, est en réalité en première ligne : non seulement parce qu’il subit les effets du dérèglement climatique, mais aussi parce qu’il peut devenir un acteur de la transition. En cette Semaine Européenne du Développement Durable, il est temps de rappeler que le sport doit s’adapter… mais peut aussi entraîner.
Depuis quelques années, les manifestations d’un climat en dérive se multiplient : canicules à répétition, inondations, pollution de l’air, disparition de la neige, sécheresses… Pour les pratiquants comme pour les organisateurs d’événements sportifs, les contraintes deviennent réelles. Les courses sont avancées à l’aube, les terrains sont impraticables à certaines périodes, les stations ferment plus tôt, et les risques pour la santé augmentent. En 2022, plus de 40 compétitions de plein air ont été annulées en France à cause de la chaleur ou de conditions extrêmes.
Le WWF, dans un rapport dédié au sport et au climat, tire la sonnette d’alarme : au rythme actuel, une hausse de 2°C d’ici quelques décennies signifierait une réduction drastique des possibilités de pratique extérieure. Le confort, la sécurité, mais aussi l’accessibilité et la durabilité de nombreux sports sont remis en cause. Cela impacte la santé publique, la cohésion sociale, mais aussi l’économie du sport.
Face à ces défis, le ministère chargé des Sports a intégré un volet dédié dans le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC-Sport). Ce document propose des leviers concrets pour agir localement :
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adapter les horaires d’entraînement pour éviter les heures les plus chaudes ;
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végétaliser et ombrager les infrastructures sportives ;
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revoir les calendriers de compétition ;
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moderniser les installations avec des matériaux moins sensibles aux aléas climatiques ;
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former les encadrants à la prévention des risques liés au climat (déshydratation, UV, pollution, etc.).
Mais s’adapter ne suffit plus. Le sport peut – et doit – devenir moteur de transformation écologique. Il a un pouvoir unique : celui de rassembler, de mobiliser, de faire passer des messages forts. Clubs, comités, fédérations, collectivités : toutes les échelles peuvent agir. Cela passe par des décisions simples :
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organiser des compétitions zéro plastique ;
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proposer des vestiaires économes en eau et énergie ;
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privilégier les déplacements en vélo, covoiturage ou transports en commun ;
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valoriser les produits locaux dans les buvettes et événements ;
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sensibiliser les jeunes licenciés à l’impact de leurs gestes au quotidien.
Certaines ligues ont déjà pris le virage. D’autres tâtonnent. Mais le mouvement est en marche, et il est urgent de l’accélérer. Car au fond, il ne s’agit pas seulement de protéger la nature ou d’économiser des ressources. Il s’agit de préserver la possibilité même de continuer à pratiquer, ensemble, en sécurité, dans un environnement sain.
En cette semaine, chacun peut s’emparer du sujet. Une fiche pratique dans un club, une affiche dans un gymnase, un débat dans un comité, une action locale sur l’eau ou les déchets : tout compte. Le sport est un formidable levier de changement. Il serait dommage de rester sur la ligne de départ.





